mardi 11 décembre 2018

Raison et sentiments / Jane Austen

Quatrième de couverture : (ou plutôt un extrait)


"Deux ou trois fois Elinor usa doucement de ses droits de sœur aînée et d'amie pour adresser quelques tendres exhortations à Marianne et lui faire sentir la nécessité de prendre de l'empire sur elle-même.
Mais Marianne détestait, abhorrait la dissimulation : elle la regardait comme une fausseté impardonnable, et cacher des sentiments qui n'avaient rien en eux-mêmes de condamnables lui paraissait non seulement un effort inutile, mais une ridicule prétention de la raison.
Willoughby pensait de même, et leur conduite à tous égards montrait clairement leur opinion. Quand il était présent, elle n'avait d'yeux que pour lui ; tout ce qu'il faisait était juste ; tout ce qu'il disait était charmant. Si dans la soirée on jouait aux cartes, il trichait pour la favoriser ; si l'on dansait, il était son cavalier la moitié du temps... Une telle conduite excitait, comme on le comprend, les railleries de la société, mais ils s'en embarrassaient fort peu et cherchaient plutôt à les provoquer."


 La bibliothèque du collectionneur
Traduit de l'anglais par Isabelle de Montolieu
Version révisée et postface de Hélène Seyrès
588 pages



Mon avis :

J'entre doucement dans la magie de Noël avec un bon vieux classique. Je connaissais bien sûr différentes adaptations filmées de ce récit, mais je n'avais encore jamais lu Raison et sentiments. C'est maintenant chose faite, et bien faite ! Je pense même pouvoir dire qu'il s'agit là de mon petit favori de Jane Austen :-)
Même si je connaissais donc déjà la trame principale de l'histoire, si je me souvenais de quelques rebondissements, et bien sûr si je connaissais l'heureux dénouement, je n'en ai pas moins aimé l'aborder par l'écrit.

Qui ne connaît pas l'histoire d'Elinor et Marianne, deux sœurs charmantes, parfaites sous tous rapports, mais qui connaîtront des amours perturbées, chacune à leur façon ? L'une est gouvernée par la raison, l'autre par ses passions, mais elles se rejoignent dans la façon dont elles sont trahies par les hommes qu'elles aiment. De là vont se développer deux comportements différents face à cette souffrance presque similaire, face à leur entourage (leur mère d'abord, et la société de Londres), et finalement face à ces mêmes hommes qu'elles vont être amenées à revoir, Edward Ferrars et John Willoughby.

Autour d'elles gravitent des personnages secondaires, aux caractères tout aussi stéréotypés, bien souvent agaçants et frisant le ridicule.
C'est aussi, à mon sens, ce qui fait le charme d'un roman austenien : au fond, on n'en demande pas plus, et on est bien aises d'avoir cerné un personnage rapidement. C'est l'occasion pour l'auteure de s'amuser et de tourner en ridicule certaines mœurs de son temps, en en montrant les limites. C'est souvent très drôle, et l'occasion de se rendre compte que les choses n'ont pas complètement changé avec le temps, qu'on connaît tous une commère comme Mme Jennings, un séducteur sans scrupules comme Willoughby, un ami fidèle comme le colonel Brandon, une rivale idiote comme Lucy Steele, ... La plume de Jane Austen est souvent sans pitié et donne lieu à de bons fous-rires.

Les chapitres sont assez courts, ce qui fait que la lecture peut être aisément "picorée". Mais lorsque j'ai trouvé le temps de pouvoir m'y adonner sans m'arrêter (bonus : au coin du feu !), j'ai enchaîné les chapitres à une vitesse folle, et j'ai pris conscience, plus que dans les films, que chaque étape était nécessaire au bon déroulement de l'histoire. Chose notable : aucune étape ne m'a paru trop longue, c'est l'avantage d'avoir deux personnages principaux et de pouvoir alterner les points de vue.


Les caractères opposés d'Elinor et Marianne sont explorés ici dans leur façon de faire face, chacune à leur manière, au malheur. C'est la raison qui emporte finalement la morale de cette histoire. Et bien que les traits de caractère soient bien souvent exagérés, j'ai beaucoup apprécié cheminer un temps avec ces demoiselles, souffrir avec elles, m'indigner, et finalement me réjouir de leur bonheur.

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