vendredi 6 juillet 2018

La péninsule aux 24 saisons / Inaba Mayumi

Quatrième de couverture :

"Dans un paysage de mer et de falaises d'une beauté paisible, bien loin de Tôkyô, une femme en désaccord avec le monde entreprend la redécouverte d'elle-même et passe des jours heureux d'une grande douceur.
En compagnie de son chat, elle fera durant douze mois l'apprentissage des vingt-quatre saisons d'une année japonaise. A la manière d'un jardinier observant scrupuleusement son almanach, elle se laisse purifier par le vent, prépare des confitures de fraises des bois, compose des haïkus dans l'attente des lucioles de l'été, sillonne la forêt, attentive aux présences invisibles, et regarde la neige danser.
Dans ce hameau au bord du monde, l'entraide entre voisins prend toute sa valeur, les brassées de pousses de bambou déposées devant sa porte au moment de la récolte, et les visites chaleureuses à l'atelier du miel de son amie Kayoko.
Vingt-quatre saisons, c'est le temps qu'il faut pour une renaissance, pour laisser se déployer un sensuel amour de la vie."


Traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu
Éditions Philippe Picquier
236 pages


Mon avis :

J'ai commencé ce livre alors que j'avais justement besoin d'une pause, d'un bon bol d'air. Malheureusement, mon planning ne m'en a pas laissé le temps, ce qui fait que même si j'aimais ces petits et trop rares moments passés à lire, j'avais l'impression de passer à côté de quelque chose, de gâcher ce livre en quelques sortes. J'ai donc mis de côté ma lecture pour une autre, moins poétique, et l'ai recommencée lorsque j'avais un peu plus de temps à y consacrer.

C'est une lecture qui fait du bien, une lecture reposante. En effet, comme il n'y a pas véritablement d'action principale, on flâne, on se laisse porter par les événements, les saisons, les réflexions d'une femme sur sa vie, et son regard sur la nature qui l'entoure.

Mon seul regret sera de ne pas avoir eu davantage de détails quant aux vingt-quatre saisons mentionnées dans le titre. Ce concept m'a séduite, je l'ai trouvé original, et j'aurais donc naturellement voulu en savoir plus. Il s'agit d'une référence à un ancien calendrier japonais qui divisait les mois en deux, se fiant aux subtils changements climatiques qui peuvent s'opérer bien plus souvent qu'en seulement quatre saisons. Il en est un peu question, mais j'aurais aimé connaître tous ces changements et les voir retranscrits ici.
Pour le reste, le roman est dépaysant, ressourçant. J'ai déjà un faible pour ce genre de roman où le personnage a besoin de s'isoler pour se retrouver, c'est donc logiquement le cas ici aussi. J'ai trouvé l'errance de la narratrice très poétique. Cette proximité de la nature, cette entraide mutuelle entre voisins, m'ont permis de réfléchir durant ma lecture à ce qui est l'essence même de la vie. Et quand on revient à l'essentiel, les problèmes n'existent pas.
Je me suis sentie très proche de la narratrice, car sans rejeter en bloc toute civilisation (elle cite à cette occasion Thoreau, que j'ai toujours dans ma liste de lecture), elle avoue avoir besoin des deux (nature et ville), et savoir tirer parti des deux.

C'est lors d'une présentation organisée par la librairie Les Lisières (à Roubaix et Croix : https://www.leslisieres.com/) que j'ai eu connaissance de ce livre.
Si la libraire qui l'a présenté a eu l'impression d'avoir passé un semaine de vacances dans un endroit ressourçant, j'aurais pour ma part bien aimé prolonger aussi mon séjour.
Ce petit livre est à mes yeux un bonbon qu'il faut lire plusieurs fois, pour que la pause dure.

dimanche 1 juillet 2018

L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea / Romain Puértolas

Quatrième de couverture :

"L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, c'est une aventure rocambolesque et hilarante aux quatre coins de l'Europe et dans la Lybie postkadhafiste, une histoire d'amour plus pétillante que le Coca-Cola, mais aussi le reflet d'une terrible réalité : le combat que mènent chaque jour les clandestins, ultimes aventuriers de notre siècle."




Mon avis :

Encore un livre assez connu que je lis tardivement. Je n'en connaissais pas l'histoire avant de m'y intéresser : ayant assisté par hasard à une partie du tournage de l'adaptation filmique à Rome, c'est à ce moment-là que j'ai commencé à m'y intéresser. J'ai donc, pour une fois, vu le film avant de lire le livre qui l'a inspiré, et comme j'ai passé un bon moment au cinéma et que j'avais envie d'une lecture assez légère, je me suis lancée ! Je ne regrette absolument pas.

Dès le début, le ton est donné : il est drôle, et l'auteur parvient à conserver ce ton humoristique sur toute la durée du livre.
Signalons tout de même quelques passages plus sérieux, qui m'ont fait réfléchir et m'ont émue. Ce sont tous les passages consacrés aux migrants, à leurs vies et leurs difficultés simplement parce qu'ils sont nés "du mauvais côté de la Méditerranée". En effet, si notre fakir est expédié de pays en pays, rappelons-nous que c'est aussi la véritable situation de certaines personnes.
C'est ce que, selon moi, fait aussi tout l'intérêt du livre : se confronter, sous couvert de l'humour, à de réelles tragédies. Sans cela, l'humour risquerait d'être trop présent et de ne plus fonctionner. De même, la rencontre avec la bonté humaine qui amène à une rédemption est bien amenée et pas trop moralisatrice.

Si j'ai été quelque peu déroutée, c'est plutôt dans ma comparaison avec le film. Celui-ci est à la fois fidèle et différent, c'est pourquoi je ne regrette pas non plus de m'être confrontée aux deux versions. Dans les deux cas, le personnage d'Ajatashatru est très attachant, d'autres sont plus exaspérants mais souvent tournés en dérision, et la happy end indique bien que le but n'est en aucun cas de se prendre la tête.

Je trouve que c'est une très bonne lecture d'été, idéale pour décompresser !