mardi 11 décembre 2018

Raison et sentiments / Jane Austen

Quatrième de couverture : (ou plutôt un extrait)


"Deux ou trois fois Elinor usa doucement de ses droits de sœur aînée et d'amie pour adresser quelques tendres exhortations à Marianne et lui faire sentir la nécessité de prendre de l'empire sur elle-même.
Mais Marianne détestait, abhorrait la dissimulation : elle la regardait comme une fausseté impardonnable, et cacher des sentiments qui n'avaient rien en eux-mêmes de condamnables lui paraissait non seulement un effort inutile, mais une ridicule prétention de la raison.
Willoughby pensait de même, et leur conduite à tous égards montrait clairement leur opinion. Quand il était présent, elle n'avait d'yeux que pour lui ; tout ce qu'il faisait était juste ; tout ce qu'il disait était charmant. Si dans la soirée on jouait aux cartes, il trichait pour la favoriser ; si l'on dansait, il était son cavalier la moitié du temps... Une telle conduite excitait, comme on le comprend, les railleries de la société, mais ils s'en embarrassaient fort peu et cherchaient plutôt à les provoquer."


 La bibliothèque du collectionneur
Traduit de l'anglais par Isabelle de Montolieu
Version révisée et postface de Hélène Seyrès
588 pages



Mon avis :

J'entre doucement dans la magie de Noël avec un bon vieux classique. Je connaissais bien sûr différentes adaptations filmées de ce récit, mais je n'avais encore jamais lu Raison et sentiments. C'est maintenant chose faite, et bien faite ! Je pense même pouvoir dire qu'il s'agit là de mon petit favori de Jane Austen :-)
Même si je connaissais donc déjà la trame principale de l'histoire, si je me souvenais de quelques rebondissements, et bien sûr si je connaissais l'heureux dénouement, je n'en ai pas moins aimé l'aborder par l'écrit.

Qui ne connaît pas l'histoire d'Elinor et Marianne, deux sœurs charmantes, parfaites sous tous rapports, mais qui connaîtront des amours perturbées, chacune à leur façon ? L'une est gouvernée par la raison, l'autre par ses passions, mais elles se rejoignent dans la façon dont elles sont trahies par les hommes qu'elles aiment. De là vont se développer deux comportements différents face à cette souffrance presque similaire, face à leur entourage (leur mère d'abord, et la société de Londres), et finalement face à ces mêmes hommes qu'elles vont être amenées à revoir, Edward Ferrars et John Willoughby.

Autour d'elles gravitent des personnages secondaires, aux caractères tout aussi stéréotypés, bien souvent agaçants et frisant le ridicule.
C'est aussi, à mon sens, ce qui fait le charme d'un roman austenien : au fond, on n'en demande pas plus, et on est bien aises d'avoir cerné un personnage rapidement. C'est l'occasion pour l'auteure de s'amuser et de tourner en ridicule certaines mœurs de son temps, en en montrant les limites. C'est souvent très drôle, et l'occasion de se rendre compte que les choses n'ont pas complètement changé avec le temps, qu'on connaît tous une commère comme Mme Jennings, un séducteur sans scrupules comme Willoughby, un ami fidèle comme le colonel Brandon, une rivale idiote comme Lucy Steele, ... La plume de Jane Austen est souvent sans pitié et donne lieu à de bons fous-rires.

Les chapitres sont assez courts, ce qui fait que la lecture peut être aisément "picorée". Mais lorsque j'ai trouvé le temps de pouvoir m'y adonner sans m'arrêter (bonus : au coin du feu !), j'ai enchaîné les chapitres à une vitesse folle, et j'ai pris conscience, plus que dans les films, que chaque étape était nécessaire au bon déroulement de l'histoire. Chose notable : aucune étape ne m'a paru trop longue, c'est l'avantage d'avoir deux personnages principaux et de pouvoir alterner les points de vue.


Les caractères opposés d'Elinor et Marianne sont explorés ici dans leur façon de faire face, chacune à leur manière, au malheur. C'est la raison qui emporte finalement la morale de cette histoire. Et bien que les traits de caractère soient bien souvent exagérés, j'ai beaucoup apprécié cheminer un temps avec ces demoiselles, souffrir avec elles, m'indigner, et finalement me réjouir de leur bonheur.

mercredi 5 décembre 2018

Beren et Luthien / J.R.R. Tolkien, édition établie par Christopher Tolkien

Quatrième de couverture :

"Découvrez l'histoire d'amour qui a donné naissance au monde du Seigneur des Anneaux et du Hobbit ! Des milliers d'années avant Aragorn et Arwen, un homme et une Elfe tentent de vivre un amour interdit et se lancent dans la plus formidable des aventures en Terre du Milieu : reprendre un trésor, le Silmaril, au terrible dieu Morgoth.

En traversant mille périls vers sa forteresse, l'Elfe Luthien nous montre que le plus grand des héros de Tolkien est une héroïne.

Ce volume contient 9 illustrations originales en couleurs d'Alan Lee, illustrateur du Seigneur des Anneaux et des Enfants de Hurin."


Christian Bourgois Éditeur
Illustré par Alan Lee
Traduit par Daniel Lauzon, Elen Riot et Adam Tolkien
217 pages


Mon avis :

J'ai gagné ce livre en octobre 2017 en jouant à un concours de l'association Tolkiendil (merciiii !). N'ayant pas encore lu Le Silmarillion, j'ai donc découvert la légende de Beren et Lùthien dans cet ouvrage qui en recense différentes versions.

Bien sûr, l'abord de ce livre peut sembler difficile, et j'ai moi-même effectivement connu des difficultés au début, lorsque Christopher Tolkien explique sa démarche et fait référence à des personnages inconnus à un lecteur novice, mais finalement le reste du texte finit par se livrer, si on s'intéresse un tant soit peu à l'histoire de la Terre du Milieu ! J'ai d'ailleurs ensuite passé un peu de temps sur l'encyclopédie de Tolkiendil (http://www.tolkiendil.com/encyclo), outil précieux dont j'ai déjà parlé dans mon retour sur Les Enfants de Hùrin.

Cette légende se situe dans le même monde disparu. Les différentes versions sont présentées, autant que possible, de manière chronologique d'écriture. C'est très intéressant de suivre l'évolution de l'histoire, de voir quels passages sont supprimés, modifiés, ajoutés...
Ce livre a été pour moi l'occasion de beaucoup me documenter sur les Elfes. Et j'ai été surprise de découvrir qu'ils avaient aussi pour certains leurs côtés sombres. Je dirais même même que c'est ce qui m'a le plus plu : certes, le Mal est incarné par Morgoth, comme dans le Seigneur des Anneaux sous les traits de Sauron, mais il a aussi d'autres émanations, plus subtiles, en chaque être.

Attendrai-je maintenant la traduction française de La Chute de Gondolin (publié en anglais au mois d'août dernier, et dont la traduction française est prévue pour avril 2019) pour terminer les trois "Grands Contes" des Jours Anciens, ou bien m'attaquerai-je finalement au Silmarillion qui les regroupe tous, de façon plus ou moins développée ?
Je ne sais pas encore dans quel ordre, mais une chose est sûre, j'ai envie de poursuivre l'aventure !

Si vous aussi souhaitez aborder l'univers tolkienien, je signale la mise en ligne de quatre émissions radio autour de l'auteur, où interviennent de brillants spécialistes. Les podcasts sont disponibles sur le site de France Culture (La Compagnie des auteurs : https://www.franceculture.fr/emissions/la-compagnie-des-auteurs).

mardi 27 novembre 2018

Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête / Washington Irving

Quatrième de couverture :

A la fin du XVIIIe siècle, un vallon ensommeillé sur les bords de l'Hudson où vit une paisible communauté d'origine hollandaise... La légende qui s'y colporte d'un fantomatique cavalier furieux vient à menacer la quiétude de ses habitants. On raconte qu'il décapite tous ceux qu'il rencontre, et lui-même serait sans tête...
Sur un ton parodique, Washington Irving (1783-1859) brocarde un rêve américain qui tourne rapidement au cauchemar. La Légende du Cavalier sans tête constitue un surprenant mélange d'enchantement et de fantastique.
Tim Burton s'est approprié cet univers pour en donner une version très noire dans son dernier film, Sleepy Hollow."


Éditions Mille et une nuits
Traduit de l'américain et notes par Alain Geoffroy
79 pages


Mon avis :

C'est par ledit film de Tim Burton que j'ai eu connaissance de cette légende. Mais, en bonne amoureuse de l'écrit que je suis, je voulais absolument en connaître la version originale. Je m'attendais bien sûr à ce que celle-ci soit fort différente du film, car il s'agit d'une petite nouvelle d'une cinquantaine de pages. Autant dire qu'il semble impossible d'y faire tenir tout ce que le film développe.
Et en effet, même en m'y attendant, j'ai été surprise. Les deux œuvres n'ont rien à voir. Si les personnages principaux du film, comme Ichabod Crane ou Katrina Van Tassel, sont présents dans la nouvelle, ils y affichent des caractères bien différents. De même, l'épisode relaté par la nouvelle n'est en fait qu'un détail dans le film réalisé par Tim Burton. Je ne dirais pas duquel il s'agit, la lecture n'est après tout pas si longue pour les curieux ;-) D'autant plus qu'elle est agréable. Me plonger dans une œuvre du 19e siècle, avec sa langue particulièrement travaillée, m'avait manqué. L'ambiance est dépaysante, typique des États-Unis du 19e siècle tels qu'on les imagine.

En conclusion, une petite lecture bien agréable, souvent drôle voire moqueuse, mais il ne faut pas y chercher tout le contenu mystique du film, qui prend la nouvelle comme base de travail pour construire une autre légende.

mercredi 10 octobre 2018

Gagner la guerre / Jean-Philippe Jaworski

Quatrième de couverture :

"Entrez dans le Vieux Royaume.

De Montefellòne à Ciudalia en passant par Bourg-Preux, venez en découvrir les mystères.

Et si vous croisez un certain Benvenuto : tremblez !"




Mon avis :

Vous l'aurez remarqué (ou pas), il s'agit de la même quatrième de couverture que pour Janua Vera, car je dispose de l'édition intégrale, regroupant les nouvelles et le roman. Mais je pense avoir donné suffisamment l'envie de lire les nouvelles par mon précédent article, sans devoir la développer davantage. Le billet qui concerne le roman sera de la même veine.

J'ai profité de mes congés d'été pour me plonger dans ce gros pavé sans avoir à le transporter trop souvent (environ 800 pages de roman seul, mais combiné au recueil de nouvelles, mon exemplaire dépasse les 1000 pages).

Nous retrouvons là les personnages rencontrés dans la nouvelle Mauvaise donne (à lire de préférence avant Gagner la guerre, puisque celui-ci se déroule un an après).
Intrigues, calculs politiques, stratégie et coups bas, voilà un petit aperçu de ce qui compose le roman. Nous suivons le personnage de Benvenuto Gesufal dans ses aventures, dans ses relations plus ou moins recommandables dans l'entourage du podestat Ducatore. Homme de main loyal finissant par être traqué et conduit à l'exil, il est un témoin privilégié de la vie politique de sa cité, et c'est son point de vue que nous adoptons.

A priori, ce ne sont pas des thèmes qui m'attirent, j'ai souvent peur de me perdre dans la masse d'informations politiques donnée. Mais la plume qui dessert ces machiavélismes est si belle et terrible que je me suis surprise à apprécier tout cela.

Et je pense que c'est une bonne chose pour moi d'avoir connu la plume de Jaworski à travers les nouvelles aux thèmes plus diversifiés, car je ne sais pas si je me serai lancée dans le roman si je ne connaissais pas la qualité de son écriture.


Sans surprise, j'ai donc bien accroché dès le début, mais je dois signaler que j'ai tout de même connu une baisse d'enthousiasme vers le milieu du récit. Peut-être était-ce dû à mon rythme de vie personnel, mes préoccupations étant principalement tournées vers l'organisation de mon mariage...
Mais cela n'en remet pas en cause la qualité globale du texte.
J'ai particulièrement apprécié les petits apartés, où Benvenuto s'adresse directement à nous, ses lecteurs, de manière plus ou moins courtoise ! Quant au surnaturel, il est présent en petites touches, ce qui ravira tout le monde, les amateurs de romans historiques comme les amateurs de fantasy !


Alors, prêt.e.s pour une plongée dans un monde sans pitié ?

mercredi 26 septembre 2018

Game of Thrones, une métaphysique des meurtres / Marianne Chaillan

Quatrième de couverture :

"Game of Thrones, la série télévisée culte, a rattrapé les livres dont elle est l'adaptation. Les fans sont plongés dans un suspense insoutenable : qui est appelé à régner sur le Royaume des Sept Couronnes ?
Pour répondre à cette question, Marianne Chaillan imagine une soirée télé avec les meilleurs experts possibles : les philosophes. Qui, selon Kant, mériterait de régner ? Qui semble le plus doué pour conquérir le pouvoir selon Machiavel ?
Pour aller plus loin, cet essai stimulant vous met à contribution : vous pourrez ainsi découvrir si vous êtes un Stark ou un Lannister, ou si Daenerys a plus de chances de régner que Cersei.
Un voyage philosophique d'Essos à Westeros aussi instructif que divertissant."


Le Passeur Éditeur, 2016
357 pages


Mon avis :

Faites de la philosophie de manière ludique ! C'est le postulat de Marianne Chaillan, elle-même professeur de philosophie, et il me paraît génial !
Si j'ai suivi une formation littéraire, je dois bien avouer que je ne me souviens pas de toutes les théories philosophiques existantes, et je suis bien incapable de relier du tac au tac un philosophe à sa pensée.

Je trouve donc que ce livre est particulièrement brillant, car il met la philosophie à la portée de tous, et illustre les concepts par des exemples concrets qui reviendront vite à la mémoire des fans de Game of Thrones. En revanche, l'auteure ne se base que sur la série télé, et s'en justifie en affirmant que la série a eu un impact sur un public plus diversifié que les livres. Attention toutefois à bien avoir vu tous les épisodes avant de se lancer dans cette lecture, car aucun secret n'est caché :-)

Qui aurait pu croire qu'un livre de philosophie pouvait être drôle ? Et pourtant, c'est le cas. Je ne l'ai pas lu comme un roman toutefois (je n'ai d'ailleurs pas lu tous les chapitres...), j'ai préféré faire des pauses, question de goût personnel.
En tout cas, j'ai beaucoup aimé ce livre, à lire en entier ou à "picorer", qui nous permet parfois de comprendre des actes qui nous ont semblé odieux, de décortiquer ce qui se passe dans la tête de certains personnages, de s'imaginer à leur place grâce à certains petits jeux de rôle, etc.

Marianne Chaillan ne se tient pas à l'univers de Game of Thrones, elle a aussi signé deux autres livres aux titres tout aussi évocateurs : Harry Potter à l'école de la philosophie, et Ils vécurent philosophes et firent beaucoup d'heureux (sur les dessins animés Disney).

Je tiens au passage à signaler l'existence de ce podcast sur France Culture : Comment la pop culture nous apprend-elle à philosopher ? (58 min.) : https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/marianne-chaillan
Véritablement intéressant et accessible, l'auteure intervient et présente ses ouvrages, agrémenté de nombreux extraits sonores. Qu'on ait l'intention de lire les livres ou non, on se rend compte qu'on vit dans la philosophie depuis toujours.

vendredi 6 juillet 2018

La péninsule aux 24 saisons / Inaba Mayumi

Quatrième de couverture :

"Dans un paysage de mer et de falaises d'une beauté paisible, bien loin de Tôkyô, une femme en désaccord avec le monde entreprend la redécouverte d'elle-même et passe des jours heureux d'une grande douceur.
En compagnie de son chat, elle fera durant douze mois l'apprentissage des vingt-quatre saisons d'une année japonaise. A la manière d'un jardinier observant scrupuleusement son almanach, elle se laisse purifier par le vent, prépare des confitures de fraises des bois, compose des haïkus dans l'attente des lucioles de l'été, sillonne la forêt, attentive aux présences invisibles, et regarde la neige danser.
Dans ce hameau au bord du monde, l'entraide entre voisins prend toute sa valeur, les brassées de pousses de bambou déposées devant sa porte au moment de la récolte, et les visites chaleureuses à l'atelier du miel de son amie Kayoko.
Vingt-quatre saisons, c'est le temps qu'il faut pour une renaissance, pour laisser se déployer un sensuel amour de la vie."


Traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu
Éditions Philippe Picquier
236 pages


Mon avis :

J'ai commencé ce livre alors que j'avais justement besoin d'une pause, d'un bon bol d'air. Malheureusement, mon planning ne m'en a pas laissé le temps, ce qui fait que même si j'aimais ces petits et trop rares moments passés à lire, j'avais l'impression de passer à côté de quelque chose, de gâcher ce livre en quelques sortes. J'ai donc mis de côté ma lecture pour une autre, moins poétique, et l'ai recommencée lorsque j'avais un peu plus de temps à y consacrer.

C'est une lecture qui fait du bien, une lecture reposante. En effet, comme il n'y a pas véritablement d'action principale, on flâne, on se laisse porter par les événements, les saisons, les réflexions d'une femme sur sa vie, et son regard sur la nature qui l'entoure.

Mon seul regret sera de ne pas avoir eu davantage de détails quant aux vingt-quatre saisons mentionnées dans le titre. Ce concept m'a séduite, je l'ai trouvé original, et j'aurais donc naturellement voulu en savoir plus. Il s'agit d'une référence à un ancien calendrier japonais qui divisait les mois en deux, se fiant aux subtils changements climatiques qui peuvent s'opérer bien plus souvent qu'en seulement quatre saisons. Il en est un peu question, mais j'aurais aimé connaître tous ces changements et les voir retranscrits ici.
Pour le reste, le roman est dépaysant, ressourçant. J'ai déjà un faible pour ce genre de roman où le personnage a besoin de s'isoler pour se retrouver, c'est donc logiquement le cas ici aussi. J'ai trouvé l'errance de la narratrice très poétique. Cette proximité de la nature, cette entraide mutuelle entre voisins, m'ont permis de réfléchir durant ma lecture à ce qui est l'essence même de la vie. Et quand on revient à l'essentiel, les problèmes n'existent pas.
Je me suis sentie très proche de la narratrice, car sans rejeter en bloc toute civilisation (elle cite à cette occasion Thoreau, que j'ai toujours dans ma liste de lecture), elle avoue avoir besoin des deux (nature et ville), et savoir tirer parti des deux.

C'est lors d'une présentation organisée par la librairie Les Lisières (à Roubaix et Croix : https://www.leslisieres.com/) que j'ai eu connaissance de ce livre.
Si la libraire qui l'a présenté a eu l'impression d'avoir passé un semaine de vacances dans un endroit ressourçant, j'aurais pour ma part bien aimé prolonger aussi mon séjour.
Ce petit livre est à mes yeux un bonbon qu'il faut lire plusieurs fois, pour que la pause dure.

dimanche 1 juillet 2018

L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea / Romain Puértolas

Quatrième de couverture :

"L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, c'est une aventure rocambolesque et hilarante aux quatre coins de l'Europe et dans la Lybie postkadhafiste, une histoire d'amour plus pétillante que le Coca-Cola, mais aussi le reflet d'une terrible réalité : le combat que mènent chaque jour les clandestins, ultimes aventuriers de notre siècle."




Mon avis :

Encore un livre assez connu que je lis tardivement. Je n'en connaissais pas l'histoire avant de m'y intéresser : ayant assisté par hasard à une partie du tournage de l'adaptation filmique à Rome, c'est à ce moment-là que j'ai commencé à m'y intéresser. J'ai donc, pour une fois, vu le film avant de lire le livre qui l'a inspiré, et comme j'ai passé un bon moment au cinéma et que j'avais envie d'une lecture assez légère, je me suis lancée ! Je ne regrette absolument pas.

Dès le début, le ton est donné : il est drôle, et l'auteur parvient à conserver ce ton humoristique sur toute la durée du livre.
Signalons tout de même quelques passages plus sérieux, qui m'ont fait réfléchir et m'ont émue. Ce sont tous les passages consacrés aux migrants, à leurs vies et leurs difficultés simplement parce qu'ils sont nés "du mauvais côté de la Méditerranée". En effet, si notre fakir est expédié de pays en pays, rappelons-nous que c'est aussi la véritable situation de certaines personnes.
C'est ce que, selon moi, fait aussi tout l'intérêt du livre : se confronter, sous couvert de l'humour, à de réelles tragédies. Sans cela, l'humour risquerait d'être trop présent et de ne plus fonctionner. De même, la rencontre avec la bonté humaine qui amène à une rédemption est bien amenée et pas trop moralisatrice.

Si j'ai été quelque peu déroutée, c'est plutôt dans ma comparaison avec le film. Celui-ci est à la fois fidèle et différent, c'est pourquoi je ne regrette pas non plus de m'être confrontée aux deux versions. Dans les deux cas, le personnage d'Ajatashatru est très attachant, d'autres sont plus exaspérants mais souvent tournés en dérision, et la happy end indique bien que le but n'est en aucun cas de se prendre la tête.

Je trouve que c'est une très bonne lecture d'été, idéale pour décompresser !

jeudi 21 juin 2018

La vérité sur l'affaire Harry Quebert / Joël Dicker

Quatrième de couverture :

"A New York, au printemps 2008, alors que l'Amérique bruisse des prémices de l'élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d'écrire le nouveau roman qu'il doit remettre à son éditeur d'ici quelques mois.

Le délai est près d'expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d'université, Harry Quebert, l'un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d'avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison.

Convaincu de l'innocence de son ami, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l'enquête s'enfonce et il fait l'objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d'écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s'est-il passé dans le New Hampshire à l'été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ?"




Mon avis :

Ce livre-là m'attendait depuis longtemps. Je crois n'en avoir entendu que des critiques positives, c'est peut-être la raison pour laquelle j'ai attendu le bon moment pour le lire, même si celui-ci arrive tardivement. La réputation du livre n'est plus à faire, mais je tenais quand même à m'en faire mon propre avis, surtout quand les dites critiques affirment qu'il est impossible de lâcher le livre avant d'en connaître la fin. Personnellement, je suis une grande lectrice, mais une lectrice lente, et j'arrive toujours à faire des pauses dans mes lectures. J'étais donc bien curieuse.

A priori, le sujet de ce roman n'est pas de ceux qui m'attirent. Et pourtant, il faut bien avouer qu'à aucun moment je ne me suis ennuyée. Du début à la fin, l'auteur réussit à maintenir l'attention, ce dont on pourrait douter à en juger par l'épaisseur du livre. Sur ce point, j'ai déjà été conquise.

J'ai beaucoup aimé l'alternance entre les différents temps de l'histoire, les flash-backs en 1975, voire avant, et l'action menée en 2008 à la façon d'une mise en abyme où l'on finit par se demander si on lit une histoire vraie ou non.
J'avais peur de m'y perdre au début, mais tout est maîtrisé et on reprend très vite le fil là où on l'avait laissé, même si les coupures sont frustrantes car arrivant bien souvent sur une nouvelle information, un rebondissement, un retournement de situation.

Pendant la majeure partie du roman, l'enquête suit son cours, justement dosée en révélations, humour, mystère et émotion, mais elle s'ouvre aussi sur l'univers de l'édition et des auteurs.
J'étais arrivée vers la fin, le coupable semblait démasqué, et pourtant je n'étais pas satisfaite. Cela me semblait un peu trop facile, et j'aurais pu être déçue s'il n'y avait pas eu ces énièmes rebondissements.
Sans en révéler trop, je dirais que c'est vraiment la fin qui m'a soufflée, disons les 200 dernières pages, car c'est effectivement dans cette dernière partie que je n'arrivais plus à lâcher le livre, que je me suis faite avoir, comme tant d'autres avant moi.

L'écriture est simple, mais efficace (avec notamment deux ou trois personnages détestables), le suspense est très bien mené, et le parallèle fait avec le travail d'écriture est original ; tout ceci fait que ce livre m'est quand même apparu comme une nouvelle expérience de lecture, que je recommande.

Je terminerai sur cet extrait, qui résume parfaitement le sentiment que je ressens souvent pour quasiment toutes mes lectures (sans le regret toutefois ; j'ai tellement d'autres livres et univers qui m'attendent !) :

"Un bon livre, Marcus, ne se mesure pas à ses derniers mots uniquement, mais à l'effet collectif de tous les mots qui les ont précédés. Environ une demi-seconde après avoir terminé votre livre, après en avoir lu le dernier mot, le lecteur doit se sentir envahi d'un sentiment puissant ; pendant un instant, il ne doit plus penser qu'à tout ce qu'il vient de lire, regarder la couverture et sourire avec une pointe de tristesse parce que tous les personnages vont lui manquer. Un bon livre, Marcus, est un livre que l'on regrette d'avoir terminé."

mardi 22 mai 2018

Druide / Oliver Peru

Quatrième de couverture :

"Les druides règnent sur une forêt primordiale et sacrée sise au cœur du monde. Détenteurs d'une sagesse millénaire, ils sont les gardiens du Pacte Ancien, dont le respect garantit la paix entre les peuples. Mais un crime de sang d'une violence inouïe met en péril le fragile échiquier politique des royaumes du Nord. Le druide Obrigan, aidé de ses deux apprentis, ne dispose que de vingt-et-un jours, pas un de plus, pour élucider les circonstances du drame, faute de quoi une guerre totale éclatera. Et tandis que le compte à rebours tourne, chaque lune apporte son lot de nouveaux cadavres, l'entraînant toujours plus loin dans l'horreur..."




Mon avis :

Déjà, je tiens à mentionner que je trouve la couverture sublime, réalisée par l'auteur lui-même. Ce qui peut s'expliquer à la lecture de sa biographie, qui le mentionne avant tout comme scénariste et illustrateur de bande-dessinées. Pour ma part, il m'était inconnu avant la lecture de ce roman, je ne serai donc pas influencée :-)

Par où commencer ?
Fidèle à la promesse faite par la quatrième de couverture, ce roman nous entraîne effectivement dans l'horreur. Niveau meurtres, j'ai été servie. A tel point que ça m'a paru parfois trop : trop de morts, trop d'invincibilité chez les ennemis, trop peu d'espoir.
Il y a énormément de morts dans ce roman, ce qui lui donne un petit côté Trône de fer, et la carte, qui figure en exergue du roman, n'est pas sans me rappeler le Nord de Westeros.


En revanche, au niveau de l'histoire, tout reste original, et surprenant. Cependant, certaines révélations sont arrivées trop tard à mon goût, de même que la véritable bataille. J'ai trouvé les personnages très originaux, ayant chacun leur part d'ombre qui est bien expliquée. Quant aux druides, je ne pense pas qu'ils soient des personnages si courants, même en fantasy, j'ai donc bien aimé côtoyer cette communauté proche de la nature.

C'est une lecture que j'ai aimée, mais qui m'a semblé un peu longue par moments. Ainsi, la véritable intrigue démarre assez tard, et traîne en longueur sur la fin. Les ennemis sont en effet du genre à ne pas se laisser tuer, mais c'était rappelé un peu trop souvent.
Pourtant, le roman partait bien, rythmé par ces 21 jours de délai. Mais il semble qu'il y ait des jours où il se passe plus de choses que d'autres.

A part ça, une lecture originale qui, je pense, s'adresse plutôt aux initiés et amateurs du genre.

Le maître des livres / Umiharu Shinohara

Quatrième de couverture :

"A la bibliothèque pour enfants "La Rose trémière", vous êtes accueillis et conseillés par Mikoshiba, un bibliothécaire binoclard célèbre pour son caractère bien trempé. Mais contrairement à ce qu'il peut laisser paraître, c'est un professionnel de premier ordre. Aujourd'hui encore, adultes comme enfants perdus dans leur vie viennent à lui en espérant trouver le livre salvateur."




Mon avis :

Une fois n'est pas coutume, parlons manga, avec cette série qui a été ma première approche de cet univers. Depuis, j'en ai lu d'autres, mais je me souviens avoir commencé avec celui-ci. J'ai donc choisi des thèmes qui me parlaient : des livres, une bibliothèque. Surprenant :-)

Chaque "chapitre" est le développement d'une petite histoire, comme un petit conte au milieu d'une plus grande histoire. Les personnages principaux restent les mêmes, nous les suivons dans leur évolution, dans la révélation de leurs secrets, mais des personnages secondaires s'invitent, d'autres partent, ... Le tout reste assez dynamique.

Quant à l'environnement, cette petite bibliothèque de quartier m'a beaucoup plu. Les thèmes abordés sont des problèmes de société (parentalité, surtout) qui finissent bien souvent par se résoudre à l'aide de la lecture de classiques de la littérature. Les lectures appropriées sont bien sûr dénichés par Mikosiba, le maître des livres, qui a toujours une histoire adaptée à la situation rencontrée.

Résultat : c'est mignon et émouvant par moments. En revanche, pour le vivre, je dois bien dire que le métier de bibliothécaire y est très idéalisé. J'aimerais beaucoup que ce manga représente la réalité, mais il en est éloigné (en France, en tout cas. Je ne connais pas la situation au Japon).
Toutefois, j'ai pu retrouver mes principes, la raison qui m'a motivée à choisir ce métier, au croisement de la littérature et de l'aide sociale. Je n'ai lu que quelques tomes, par contre, la série en comptant de nombreux, et happée pour ma part par d'autres lectures.

lundi 7 mai 2018

Sur les chemins noirs / Sylvain Tesson

Quatrième de couverture :

"Il m'aura fallu courir le monde et tomber d'un toit pour saisir que je disposais là, sous mes yeux, dans un pays si proche dont j'ignorais les replis, d'un réseau de chemins campagnards ouverts sur le mystère, baignés de pur silence, miraculeusement vides.
La vie me laissait une chance, il était donc grand temps de traverser la France à pied sur mes chemins noirs.
Là, personne ne vous indique ni comment vous tenir, ni quoi penser, ni même la direction à prendre."



Mon avis :

Du pur Sylvain Tesson ! Cette fois, l'écrivain-voyageur reste en France, et nous prouve qu'il n'y a pas besoin d'aller très loin pour trouver des endroits sauvages et authentiques. Mais il exprime aussi son scepticisme devant la raréfaction de ces endroits.

Sous la forme d'un journal, l'écrivain nous livre ses réflexions, beaucoup de réflexions, même, au détriment du paysage qui passe au second plan. Je pense que ce livre est voulu comme une rédemption. Il l'écrit lui-même : s'il a entrepris ce voyage en France, c'est parce qu'il s'en est fait la promesse sur son lit d'hôpital après sa chute.
En effet, il est aussi beaucoup question de cette chute qui a failli lui coûter la vie et l'a plongé dans le coma. Cette marche, c'est la rééducation qu'il choisit d'entreprendre, parfois seul, parfois accompagné d'amis qui le rejoignent pour un bout de chemin. Mais là encore, pas trop de développement : le cheminement se fait souvent en silence.

En trois mois environ, Sylvain Tesson a parcouru la France de la frontière italienne aux falaises de la Manche, et donne envie de faire la même chose.
Par moments, cette lecture m'a fait penser à Wild, de Cheryl Strayed (http://mariannabooks.blogspot.fr/2016/07/wild-cheryl-strayed.html), lorsqu'il raconte ses difficultés et son quotidien. La marche et la nature apparaissent encore une fois comme une libération, une délivrance.


La plume poétique de Sylvain Tesson livre donc aussi ses idées et ses regrets au sujet de l'aménagement du territoire, de la mondialisation, des écrans, de la religion, de la nature et de la ruralité (les campagnes et ses petits villages).
Souvent d'accord avec lui, je ne peux que donner un avis positif sur ce livre. Vite, un autre ! ;-)

vendredi 20 avril 2018

Boudicca / Jean-Laurent Del Socorro

Quatrième de couverture :

"Angleterre, an I. Après la Gaule, l'Empire romain entend se rendre maître de l'île de Bretagne. Pourtant la révolte gronde parmi les Celtes, avec à leur tête Boudicca, la chef du clan icène. Qui est cette reine qui va raser Londres et faire trembler l'empire des aigles jusqu'à Rome ?

A la fois amante, mère et guerrière mais avant tout femme libre au destin tragique, Boudicca est la biographie historique et onirique de celle qui incarne aujourd'hui encore la révolte."



"Il n'y a pas de honte à renoncer car seuls les dieux ne connaissent pas la peur. Je ne vous jugerai pas. Je vous pose simplement la question : serez-vous, aujourd'hui, à mes côtés ?"


Mon avis :

Ce mois d'avril sera épique ou ne sera pas ! Je continue sur ma lancée, ayant soif d'aventures. C'est en suivant l'actualité du festival Les Imaginales (https://www.imaginales.fr/) que j'ai eu connaissance de ce roman, en lice pour le prix Imaginales des bibliothécaires. Je ne ferai pas partie des bibliothécaires votants, n'ayant pas pris le temps de m'y intéresser concernant l'inscription, mais pourquoi pas une prochaine fois ? J'espère déjà pouvoir me rendre au festival.
Quoiqu'il en soit, ce roman me tentait beaucoup.

Si j'ai aimé découvrir la vie de Boudicca (ou Boadicée), que je ne connaissais absolument pas, je n'ai en revanche pas ressenti de plaisir exceptionnel à la lecture. La plume est bonne, certains passages sont très beaux voire émouvants, mais globalement cette lecture me laisse sur une impression mitigée.

En cause : le récit très direct qui ne prend, à mes yeux, pas la peine de développer la psychologie des personnages (sauf de Boudicca, bien sûr, mais qui ressent au final souvent la même chose). C'est compréhensible, dans la mesure où l'auteur a fait avec les informations dont il disposait, qui doivent être connues seulement dans les grandes lignes.
Ainsi, si certains passages (en lien avec son rôle de mère notamment) sont magnifiques et ont remué quelque chose en moi, le reste du récit m'est apparu assez lapidaire, comme une succession de faits rapportés sans grande émotion.

Quant à la fin, je l'ai trouvée originale. Alors que la biographie, à proprement parler, de Boudicca se termine, l'auteur enchaîne sur une nouvelle qui semble n'avoir rien à voir avec le roman. Elle concerne d'autres personnages, une autre période de l'histoire... Il s'agit de la Boston "tea party" : https://fr.wikipedia.org/wiki/Boston_Tea_Party. Et pourtant, les motifs de révolte semblent les mêmes que ceux qui ont animé Boudicca et son peuple. Ce qui fait que l'on referme le livre en songeant différemment aux révoltes, et que les "gentils" habitants de Britannia peuvent apparaître plus tard comme des colonisateurs à leur tour.

En bref, un livre intéressant qui aurait pu me plaire davantage, mais qui pourra faire mouche chez les personnes qui n'aiment pas trop les biographies romancées.
Pour ma part, sur un thème un peu semblable, j'ai préféré Le Pas de Merlin, de Jean-Louis Fetjaine, qu'il faudrait que je relise si je veux en parler ici. J'en avais gardé un bon souvenir, mais qui date... Signalons également la nouvelle trilogie (en cours de publication et que je n'ai pas encore lue) de Jean-Philippe Jaworski, Les Rois du Monde, également à propos de la conquête romaine, mais de la Gaule cette fois.

vendredi 13 avril 2018

Janua Vera / Jean-Philippe Jaworski

Quatrième de couverture :

Entrez dans le Vieux Royaume.

De Montefellòne à Ciudalia en passant par Bourg-Preux, venez en découvrir les mystères.

Et si vous croisez un certain Benvenuto : tremblez !




Mon avis :

On aura rarement fait plus lapidaire, comme quatrième de couverture, mais elle se suffit à elle-même ! Je lis le recueil des Récits du Vieux Royaume : y sont compilés les nouvelles regroupées sous le titre de Janua Vera et le roman Gagner la guerre. Faisant plus de 1000 pages au total, et lisant lentement, j'ai choisi de faire deux articles pour éviter d'attendre trop longtemps avant de donner mon avis très enthousiaste.
Voici donc mon avis sur Janua Vera.

Ces dix nouvelles se déroulent toutes dans le Vieux Royaume, un monde imaginaire aux accents parfois médiévaux, aux décors parfois méditerranéens au temps de la Renaissance. Dans tous les cas, l'ambiance est superbe et on se laisse happer à chaque fois ! Je me suis parfois fait la réflexion qu'il manquait peut-être une carte pour visualiser encore mieux l'univers, mais cela ne nuit toutefois pas à la compréhension et permet de mobiliser l'imagination de chaque lecteur.
Chaque nouvelle est différente de sa voisine, avec son intrigue propre, son atmosphère propre, ses personnages marqués.
J'ai même eu l'impression que le récit suivant était meilleur que le précédent, ce qui un exploit quand on a déjà adoré ce qu'on vient de lire. J'ai vraiment été surprise par ce point. Ce qui m'a plu également, c'est la fin donnée à chaque nouvelle, qui ne se clôt pas de manière définitive, car on peut en effet retrouver un personnage qu'on n'a fait que croiser dans un récit précédent ; mais aussi il s'agit de fins ouvertes. Elles laissent bouche bée, elles donnent à réfléchir, ce qui peut paraître parfois frustrant, mais qui me plaît personnellement, car cela me permet de rester encore un peu en compagnie des personnages une fois ma lecture finie, à m'interroger sur les implications et la signification d'une telle fin.

La force de ce recueil réside aussi dans la plume de Jean-Philippe Jaworski. Quelle claque ! Un véritable coup de foudre ! Il manie les mots tel un orfèvre : richesse du vocabulaire, comparaisons originales, bonne connaissance de l'univers médiéval-fantastique, ...
Il maîtrise tous les styles avec brio, pouvant ainsi décrire une bataille, une errance, écrire un conte grave teinté de mélancolie, rapporter une légende rurale inquiétante, faire naître une véritable angoisse alors qu'on est au chaud dans son canapé ou dans son lit, détendre l'atmosphère avec une nouvelle humoristique, etc.

Toutes les nouvelles m'ont marquée, m'ont fait vivre des sensations différentes comme rarement un livre ne l'a fait. Je n'ai vraiment rien à redire, tout est parfait : un grand auteur à connaître !

samedi 7 avril 2018

Notre-Dame-aux-Écailles / Mélanie Fazi

Quatrième de couverture :

"Saviez-vous qu'à Venise, qui vole des soupirs encourt la vengeance de la ville ? Connaissez-vous vos plus sensuelles métamorphoses, lorsque vous êtes loup, lorsque vous devenez lionne ? Avez-vous déjà pris un fleuve pour amant ?
Partez à la découverte des troubles secrets de l'âme et des lieux les plus hantés : une villa qui palpite des vies enfuies, l'océan dont certains ne reviennent plus tout à fait humains, ou encore ce train de nuit qu'empruntent ceux qui cherchent l'oubli...
Mais attention : de ces voyages intimes et inquiétants, on ne rentre pas indemne."




Mon avis :

Je connaissais Mélanie Fazi de nom, ayant lu plus jeune Trois pépins du fruit des morts. Je serais bien incapable de développer plus amplement mon avis. Le temps passe, et les lectures avec...
Lorsque j'ai vu ce livre à la médiathèque, j'ai pensé qu'il pourrait me permettre de me plonger dans l'univers de l'auteure. J'ai été attirée par son titre qui m'a paru si poétique et suffisamment fantastique pour me plaire. La quatrième de couverture a achevé de me séduire ; il fallait que je reparte avec.
Je ne me suis pas trompée.

Douze nouvelles sont regroupées dans ce recueil, plus ou moins longues, aux noms évocateurs :
La cité travestie, En forme de dragon, Langage de la peau, Le train de nuit, Les cinq soirs du lion, La danse au bord du fleuve, Villa Rosalie, Le nœud cajun, Notre-Dame-aux-Écailles, Mardi gras, Noces d'écume, Fantômes d'épingles.

J'ai trouvé la plume de Mélanie Fazi très poétique, sans être inaccessible. C'est beau.
J'ai vécu des lectures très agréables, qui m'ont transporté loin, là où l'auteur voulait nous emmener (exploit qui fonctionnait également lorsque je lisais quelques lignes durant mes trajets en bus, c'est dire !). Elle a l'art de décrire si justement et si profondément des éléments pouvant paraître insignifiants : une musique, dans En forme de dragon, à tel point qu'elle prend forme dans notre esprit et qu'on regrette presque de ne pas en connaître le nom pour ensuite comparer les sensations ; une ville jusque dans ses moindres détails, comme si l'auteure la connaissait intimement, car tout le laisse à penser ; une maison sur laquelle je ne peux pas m'étendre, car c'est le sujet principal de Villa Rosalie...
C'est justement là sa force, c'est précisément ce détail qui fait qu'on est emporté dans l'histoire et que le retour à la réalité est parfois difficile. J'étais tellement proche des personnages, même en une courte nouvelle, que mon regard sur le monde réel après avoir fermé le livre m'a semblé différent.
Quel coup de maître !

Les sujets traités sont pourtant très durs, teintés de mort, de maladie, de folie... Mélanie Fazi choisit  de les aborder sous l'angle du fantastique, et je pense que c'est ce qui les rend plus supportables, plus lisibles pour moi en tout cas, tout en en ressortant quand même bouleversée. Bouleversée mais heureuse d'avoir lu de si belles lignes.

Un bémol ? On ne peut pas plaire à tout le monde, et donc certaines nouvelles m'ont moins touchée que d'autres. Mes préférées : Villa Rosalie et Notre-Dame-aux-Écailles, puis La cité travestie, La danse au bord du fleuve.

Une chose est sûre : je vais m'empresser de lire d'autres récits de Mélanie Fazi, ou peut-être vais-je faire durer le plaisir. Savoir qu'il me reste plusieurs de ses écrits à découvrir, ne serait-ce pas là l'assurance d'être "encore heureuse*" ?


*(Clin d’œil à Jules Renard en sous-titre de ce blog : "Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux.")

Je termine sur des photos de mon chat, qui a aussi adoré ce livre ! Le précédent emprunteur aimait aussi sans doute ces petits félins :-)



jeudi 29 mars 2018

Le livre du lagom / Anne Thoumieux

Quatrième de couverture :

"Le lagom (prononcer LAR-GOM], c'est l'art de la simplicité à la suédoise. Il signifie quelque chose comme "ni trop, ni trop peu", "suffisamment", "à sa juste valeur".
Pourquoi ne pas s'inspirer de ce mode de vie typiquement scandinave, en droite ligne avec la tendance "slow" ?
L'auteur propose une approche globale de ces phénomènes de modération joyeuse, de simplicité assumée, qui pourraient bien aider à construire une société meilleure pour demain. Elle étudie le lagom à travers les différents aspects de notre vie : qu'est-ce qu'éduquer, travailler lagom ? Recevoir lagom ? A quoi ressemble la mode, la beauté, le bien-être lagom ? Et surtout, qu'en disent les Suédois ?"




Mon avis :

J'avais déjà entendu parler du "hygge" danois, et voilà que je viens de découvrir le "lagom".

Concernant le hygge, je ne m'y étais pas intéressée plus que ça, car j'ai perçu cette façon d'être comme du cocooning d'hiver, ce que je pratique déjà, et ce bien avant que ce soit arrivé à la mode. Car c'est vrai que j'ai également perçu ça comme une mode, voyant des articles fleurir un peu partout à ce sujet, et des magasins surfer sur cette vague.
Pourquoi le lagom m'a-t-il plus attirée alors ?
Parce qu'il s'agit d'une philosophie de vie, d'une attitude à adopter dans tous les domaines du quotidien. C'est quelque chose que je pratique déjà dans mes achats d'alimentation par exemple : privilégier les circuits courts et les produits de qualité, quitte à en acheter moins s'ils reviennent plus cher.
J'ai donc découvert qu'on pouvait appliquer cette façon d'être dans tous les domaines.

Après avoir expliqué le principe d'un mode de vie lagom, de manière assez développée car intraduisible en un seul mot français, le livre s'ouvre sur un test : "suis-je lagom ?" pour savoir si vous êtes parfait, ou s'il vous reste des progrès à faire :-)
Plus sérieusement, l'auteur a bien conscience que ce mode de vie peut paraître trop beau, trop parfait et un peu trop sage et ennuyeux à certaines personnes, et elle prend le temps de s'expliquer sur ce point.

Ensuite, les chapitres sont consacrés à un aspect précis de la vie : la mode, la beauté, la décoration, les loisirs, la travail, l'alimentation, etc.
Je pense que chacun peut y trouver un peu d'inspiration, ainsi que des conseils utiles (marques de vêtements éco-responsables, conseils de soins et de routine beauté, de désencombrement de la maison).

Pour ma part, je n'ai finalement pas tout lu, car le texte avait à mes yeux tendance à trop se répéter (mais je l'ai bien feuilleté, et les photos sont très belles). J'y ai pioché des informations utiles, mais le livre en lui-même ne me sera pas indispensable. Je pense que de nombreux blogs et articles sur ce sujet sont facilement accessibles sur Internet, également en lien avec le "zéro déchet", le DIY (Do It Yourself), ... C'est toutefois une bonne aide pour qui veut comprendre ce mode de vie, et commencer à vivre un peu plus en accord avec notre chère planète.
En revanche, les considérations sur la société suédoise m'ont instruite, mais m'ont aussi amenée à me questionner pour savoir si toute la société est vraiment concernée par ce mode de vie. A lire ce livre, on reste sur l'impression qu'il n'y a aucune pauvreté dans le pays, aucun conflit, et que tout le monde y est heureux. A creuser, donc...

mardi 20 mars 2018

L'héritier du roi Arthur / Bertrand Crapez

Quatrième de couverture :

"Le royaume de Logres court un grave danger. Le roi Arthur est devenu trop vieux, ses chevaliers ont disparu, Merlin a perdu ses pouvoirs et Galaad a soif de vengeance !
Kadfael, le jeune protégé de Merlin et fils de Perceval le Gallois, va tenter l'impossible pour trouver le Graal, protéger Excalibur et rendre au royaume sa splendeur perdue. Aidé de son vieux maître, d'un nain bougon et d'Adélice, une fée aussi courageuse que troublante, il sera confronté à des situations plus périlleuses les unes que les autres.
Hommes, fées et nains devront s'allier pour éviter la destruction de leur monde. Réussiront-ils à vaincre Vikings, dragons, banshees, trolls à la solde de Galaad, le chevalier félon ?
A mi-chemin entre les récits des chevaliers de la Table Ronde, les légendes celtiques et la mythologie scandinave, L'Héritier du roi Arthur plonge le lecteur dans un univers épique peuplé de héros et de créatures fantastiques, drôles ou terrifiantes !
Bienvenue dans un nouveau monde de fantasy..."




Mon avis :

Je commencerai par rebondir sur cette quatrième de couverture : "un nouveau monde de fantasy" ? Ce n'est pas l'impression que j'ai eue. Au contraire, j'ai vraiment ressenti les influences de l'auteur, de Tolkien aux mythologies celtique et nordique (et j'ai parfois revu des scènes tirées de l'adaptation par Peter Jackson du Seigneur des Anneaux, ou autres films cultes de fantasy...). Ce n'est pas un mal, au contraire ! Je pense que Bertrand Crapez maîtrise vraiment son sujet, et que ce roman peut constituer une bonne entrée en matière à qui n'est pas familier du genre, ou encore aux plus jeunes lecteurs.
Pour ma part, j'ai surtout été surprise.

Surprise de l'interprétation qui est faite de l'univers arthurien (et principalement de Merlin, car pour le reste, on peut se dire effectivement que cette histoire se passe après les aventures connues du Roi Arthur et de ses chevaliers).
Surprise des clichés utilisés pour caractériser les personnages (mais là aussi, c'est le genre qui veut ça), qui m'ont semblé trop peu développés.
Enfin, l'intrigue m'a semblé simple aussi dans son déroulement, ou trop prévisible : pas vraiment de difficulté à surmonter pour les héros comme pour les ennemis, des sauvetages qui tombent à pic, des pièges déjoués trop facilement, ... Mais ceci vaut pour le début du roman car je ne nie pas par la suite quelques moments d'étonnement que je n'avais pas prévu.

En effet, je ne sais si c'est parce que le sujet prend de la gravité, ou si c'est parce que je me suis habituée à l'univers, mais j'ai préféré les 2e et 3e parties du roman. Dans tous les cas, l'écriture est simple et fluide, je n'ai pas eu à me forcer pour le lire.
Je pense surtout qu'en prenant appui sur un univers créé de toutes pièces, et non repris de la légende arthurienne, j'aurais eu le roman de fantasy que j'attendais. Ce sera sans doute ce que je trouverai dans la suite (car je me suis engagée dans une trilogie : Les chroniques des prophéties oubliées. A suivre donc...). Ce qui m'a le plus dérangée ici a été l'interprétation très personnelle et pas toujours juste qui est faite d'éléments mythiques comme le Graal, et l'histoire des fées Morgane, Viviane et Mélusine.

En résumé, en puriste de la légende arthurienne, j'ai eu quelques difficultés avec ce roman, mais je ne le rejette pas en bloc.
Je dois bien l'avouer : j'ai râlé plusieurs fois. Mais j'ai essayé de voir plus loin. Pour qui ne s'attache pas à l'exactitude de la légende, je pense que c'est une bonne entrée en matière.

mercredi 7 mars 2018

A la croisée des mondes / Philip Pullman

Les royaumes du Nord (A la croisée des mondes, tome 1)


Quatrième de couverture :

"Élevée dans l'atmosphère confinée du prestigieux Jordan College, Lyra, accompagnée de son daemon Pantalaimon, passait ses journées à courir dans les rues d'Oxford à la recherche éperdue d'aventures. Cette vie insouciante prend fin pourtant lorsqu'elle est confiée à Mme Coulter, au moment où Roger, son meilleur ami, disparaît, victime des ravisseurs d'enfants qui opèrent dans tout le pays. Mais lassée de jouer les petites filles modèles, et intriguée par la Poussière, une extraordinaire particule qui suscite effroi et convoitises, Lyra s'enfuit et entame un voyage vers le Grand Nord, périlleux et exaltant, qui lui apportera la révélation de ses extraordinaires pouvoirs et la conduira à la frontière d'un autre monde."




Mon avis :

J'ai été agréablement surprise par ce 1er tome. Il est vrai que j'en ai beaucoup entendu parler, que la trilogie est souvent présentée comme un monument de la fantasy pour la jeunesse, un peu éclipsé par la parution quasi simultanée de Harry Potter... et c'est sans doute pour ça que j'ai tant tardé à la lire. En effet, je me méfie toujours un peu des critiques trop élogieuses (pour Harry Potter, ce n'est pas pareil, j'étais déjà séduite avant que le phénomène ne prenne l'ampleur qu'il a aujourd'hui).

Un peu décontenancée au début par le manque d'indications sur l'époque ou le monde dans lequel se situe l'intrigue, j'ai vite arrêté de me poser des questions pour accepter de suivre l'auteur là où il veut nous emmener. En effet, on entre tout de suite dans le vif du sujet, mais les explications finissent par arriver.

Miam - La Bodleian Library d'Oxford
D'abord l'ambiance m'a plu : Oxford, un collège qu'on se représente aisément sur le modèle de la célèbre Bodleian library, une atmosphère à la Dickens avec ses bandes d'enfants des rues, ses gitans sur des péniches, ses cours d'eau boueux... Puis le Nord, le Grand Nord, le froid, la neige, les ours polaires... C'est une ambiance qui a su me séduire et me fasciner, et qui correspond bien à l'intrigue.

J'ai trouvé les personnages attachants également : certains plus que d'autres bien sûr, mon préféré étant, je pense, Iorek Byrnisson. Mais j'ai été ravie d'enfin "rencontrer" les personnages principaux dont je ne connaissais que les noms, comme Lyra, Mme Coulter, Lord Asriel...
J'ai eu toutefois tendance à plus m'attacher aux personnages secondaires (sorcières, ours en armure, gitans).

En revanche, certains passages m'ont surpris, du fait de la violence qu'ils relataient. Il s'agit surtout de ce qui tourne autour de l'intrigue du tome : par exemple, le sort réservé aux enfants qui ont été enlevés ; la fin du roman à laquelle rien ne nous préparait. C'est pourquoi je pense que cette lecture ne s'adresse pas aux très jeunes (moins de 10 ans) qui n'en saisiront pas toutes les nuances.
De même, les passages expliquant le phénomène de la Poussière, le rôle de l'Eglise, etc., sont parfois très poussés et demandent une lecture un peu plus attentive.

Quoiqu'il en soit, j'ai effectivement beaucoup aimé ce premier tome, dont les pages se tournaient toutes seules : je m'y plongeais dès que j'avais un moment de libre. Je l'ai dévoré :-)


La tour des Anges (A la croisée des mondes, tome 2)

Quatrième de couverture :

"Le jeune Will Parry, à la recherche de son père disparu depuis de longues années, est poursuivi par des hommes dont il sait peu de choses. Il traverse une brèche presque invisible, et pénètre dans une étrange cité, Cittàgazze, où des spectres mangeurs d'âmes rôdent dans les rues. Il y rencontre Lyra Parle-d'Or, qui a franchi le pont entre les mondes édifié par Lord Asriel. Elle aussi cherche à rejoindre son père. Ensemble, ils vont entamer un périlleux voyage à travers les dimensions, et découvrir un secret mortel : un objet d'une puissance extraordinaire et dévastatrice. Ils devront lutter contre les forces obscures du mal et, pour accomplir leur quête, pénétrer dans une mystérieuse tour, la Torre degli Angeli..."




Mon avis :

Je poursuis ma lecture avec le tome 2. D'abord très enthousiaste de connaître la suite des aventures des personnages rencontrés dans le tome 1, je suis finalement vite surprise et un peu désorientée. L'univers est différent, et je ne retrouve pas les personnages que j'ai appris à connaître. Lyra est un peu plus énervante, et Will ne parvient pas à me passionner.
Néanmoins, mis à part quelques passages, je finis par accrocher à cette suite car en avançant ma lecture, je m'aperçois que tout est lié, et que ce tome n'est plus si éloigné du premier que je le pensais.

Le dialogue semble toujours primer sur le reste, sans que l'action soit absente. Au contraire, elle s'accentue, et accentue aussi sa critique à propos de l'autorité, des religions.

C'est un deuxième tome plus petit, mais pas plus rapide à lire du fait de la gravité de certains passages. Encore une fois, la fin m'a surprise. Alors que j'étais un peu déçue au début, je m'aperçois que je suis quand même prise dans l'histoire, et que chaque détail a son importance dans la mise en place d'une plus grande intrigue qui s'annonce terrible.


Le miroir d'ambre (A la croisée des mondes, tome 3)

Quatrième de couverture :

"Séparée de son compagnon Will, la jeune Lyra est retenue prisonnière par l'ambitieuse et impitoyable Mme Coulter qui, pour mieux s'assurer de sa docilité, l'a plongée dans un sommeil artificiel. Parti à sa recherche escorté de deux anges, Balthamos et Baruch, Will parvient au prix d'un terrible sacrifice à la délivrer. Mais une mission encore plus périlleuse les attend : un voyage dans une contrée d'où nulle âme n'est jamais revenue, le royaume des morts...
Conteur exceptionnel, Philip Pullman conclut avec brio une trilogie qui figure d'ores et déjà au panthéon des littératures de l'imaginaire, et signe là un pur chef-d'oeuvre."




Mon avis :

Et voilà, j'ai terminé cette trilogie ! Je suis à la fois contente de l'avoir lue, mais un peu perplexe toutefois. Je persiste à penser que cette histoire, dans sa complexité, ne s'adresse pas à des enfants.

J'ai beaucoup aimé le tome 1, un peu moins les deux autres. Au fur et à mesure de l'avancée de l'intrigue de fond (le combat contre l'autorité religieuse et la guerre qui se prépare), j'avais tendance à me perdre. Et comme le sujet est complexe, j'ai rencontré des difficultés avec l'écriture. En effet, durant certains moments d'action, je n'ai pas réussi du tout à me projeter : si j'ai compris l'intrigue dans sa globalité, je n'ai pas réussi à savourer tous les détails de l'action.
[Un exemple concret : je n'ai personnellement pas réussi à me représenter la façon qu'avaient les mulefas de rouler (comment ils accrochaient leurs griffes sur les cosses). Cela n'est qu'un détail sans grande importance, pour ne pas dévoiler d'élément clé à qui ne l'aurait pas lu, mais ce n'est qu'un exemple parmi d'autres].

Je ferai juste un petit parallèle avec la quadrilogie La Passe-Miroir. J'en ai déjà parlé ici, Christelle Dabos développe une intrigue avec laquelle je ne me sens pas très à l'aise, et qui vient surplomber celles des différents tomes. Je crains justement de ressentir, lorsque je lirai le dernier tome, cette impression que j'ai eue ici : celle d'être entraînée dans les "délires" (je ne l'entends pas au sens péjoratif, mais j'emploie ce terme car l'imagination va parfois un peu loin) de l'auteur, sans véritable explication claire. Dans le 1er tome de La Passe-Miroir, on se retrouve face à des "bribes" déconnectées du reste de l'histoire, sans aucune explication.

C'était en revanche une bonne idée de faire grandir les enfants, de montrer les changements qui peuvent se produire chez les humains (je pense en particulier à Mme Coulter, sans pouvoir en dire plus), et de présenter des personnages très variés.

En définitive, j'ai une impression d'inachevé. On nous prépare au destin particulier de Lyra (et de Mary Malone), à l'importance de la Poussière, à une grande guerre qui entraînera un changement de monde, mais plus j'y réfléchis, plus je me dis que j'ai raté quelque chose, que je n'ai pas eu les explications et les développements que tout ceci méritait.
Peut-être suis-je passée à côté ? Dommage...
Une bonne lecture toutefois (que je ne regrette pas, malgré mes interrogations). Je préfère en retenir surtout l'univers original et agréable à fréquenter.

vendredi 26 janvier 2018

Les enfants de Hùrin / J.R.R. Tolkien

Quatrième de couverture :

"Des milliers d'années avant Le Seigneur des Anneaux, la Terre du Milieu est en proie aux luttes entre Morgoth, le premier Seigneur Ténébreux, et les Elfes, alliés aux Hommes. C'est contre Tùrin et Niënor, les enfants de Hùrin, que Morgoth va lancer une terrible malédiction, les contraignant à une vie malheureuse et errante, pour se venger du héros qui a osé le défier.
Les Enfants de Hùrin, oeuvre entreprise par Tolkien au cours de la Première Guerre mondiale, s'adresse aux lecteurs du Seigneur des Anneaux, qui retrouveront le souffle de ce roman dans l'histoire de Tùrin, héros humain qui cherche sa place parmi les Elfes et les Hommes dans un monde en guerre : trompé par le destin, il lutte de manière spectaculaire et tragique contre Morgoth, nous faisant découvrir un passé méconnu de la Terre du Milieu."




Mon avis :

Comme indiqué en quatrième de couverture, et sans surprise je pense, mon premier conseil sera d'avoir déjà lu du Tolkien, et surtout d'aimer ses écrits. En effet, je ne cacherai pas qu'il y a, dans ce roman, des passages un peu plus obscurs, moins accessibles, que d'autres qui se dévorent sans difficulté.
Pour ma part, j'ai déjà lu Le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux. Suivant les conseils de Tolkiendil ("Dans quel ordre lire les livres de Tolkien ?" : https://www.facebook.com/notes/tolkiendil/dans-quel-ordre-lire-les-livres-de-tolkien-/10154313337208247/) et de mon amoureux, j'ai terminé de lire cette histoire, belle et terrible, qui est en fait un extrait développé du Silmarillion.

C'est une plongée loin, bien loin, du temps durant lequel se déroule le Seigneur des Anneaux. Néanmoins, l'univers et les créatures qui le parcourent sont les mêmes : Hommes, Elfes, Nains, Orques, Dragons sont au rendez-vous.

Si j'ai eu quelques difficultés, et dû faire quelques recherches, c'était principalement pour me repérer dans les personnages (les Elfes surtout), et pour situer le Beleriand où se déroule l'action : sans dévoiler d'élément important, je peux donc dire que c'est une terre qui a été submergée, et qui ne figure plus sur les cartes les plus connues de la Terre du Milieu ;-)
Pour ce genre de questions, l'encyclopédie Tolkiendil est une véritable mine d'informations !

Malgré tout, j'ai été conquise par cette histoire où Bien et Mal ne sont pas toujours là où on pourrait les attendre ; l'attitude de Tùrin m'a souvent énervée, avant de me rappeler qu'il est sous l'emprise d'une malédiction durant tout le récit ; je me suis posé pas mal de questions... C'est une histoire qui ne m'a pas laissée indifférente, m'a fait battre le coeur un peu plus vite, m'a laissée étonnée, énervée, compatissante.
Je poursuivrai bien sûr avec la lecture de Beren et Lùthien, récemment compilé et publié par Christopher Tolkien, tout comme il le fit avec ce livre, pour poursuivre ma découverte de cet univers si dense.

vendredi 5 janvier 2018

Bonne année 2018 ! (et "Harry Potter, a History of Magic")

Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas d'un livre que je vais parler aujourd'hui. Du moins, pas directement...
Durant les vacances de Noël, j'ai eu la chance de me rendre à Londres pour un pèlerinage Harry Potter (entre autres :-) ) ! J'ai visité les studios Warner Bros, une super expérience, et je me suis rendue à l'exposition Harry Potter, a History of Magic, à la British Library.
Les photos n'étant malheureusement pas autorisées à l'intérieur de l'exposition, je vais tenter de rendre en mots cette superbe exposition.



Dès l'entrée, la décoration est soignée : préfiguration de la suite où elle devient grandiose. Nul détail n'est laissé au hasard : les livres volent chez Dumbledore, les chaudrons bouillonnent dans la salle des potions, une carte du ciel illumine la salle d'astronomie, des rideaux et une lumière tamisée ornent la salle de divination, il y a aussi des plantes, un vif d'or qui volète, etc.


Chaque salle est en effet dédiée à une matière enseignée à l'école des sorciers, de même que les objets exposés. On peut ainsi admirer : de vieux grimoires de magie (bien réels) ; des parchemins (comme celui qui présente la recette de la pierre philosophale) ; des objets magiques ; des illustrations originales de Jim Kay qui a illustré les éditions anniversaires des livres, et qui présente ici des portraits de professeurs au plus près de la description des livres, et chargés de symboles (son site : https://creepyscrawlers.com/) ; des manuscrits et dessins de J.K. Rowling elle-même. C'est vraiment intéressant de voir que ses représentations des personnages principaux sont nées en même temps que les livres, voire avant (début des années 1990) pour la plupart.

J'ai tellement aimé cette exposition que j'ai craqué pour le catalogue à la boutique. Il contient bon nombre d'objets et d'illustrations présentés, avec les explications et même un peu plus. Si vous avez l'occasion d'y aller, n'hésitez pas (tout est en anglais, mais accessible) !
Je ne peux pas dire que j'ai préféré l'exposition aux studios, les deux visites étant très différentes (puisque les studios sont naturellement consacrés aux films), mais je pense que le niveau d'émerveillement était le même !

Jusqu'au 28 février 2018 : https://www.bl.uk/a-history-of-magic