samedi 30 avril 2016

Les délices de Tokyo / Durian Sukegawa

Quatrième de couverture :

" "Ecouter la voix des haricots" : tel est le secret de Tokue, une vieille dame aux doigts mystérieusement déformés, pour réussir le an, la pâte de haricots rouges qui accompagne les dorayaki, des pâtisseries japonaises. Sentarô, qui a accepté d'embaucher Tokue dans son échoppe, voit sa clientèle doubler du jour au lendemain, conquise par ses talents de pâtissière. Mais la vieille dame cache un secret moins avouable et disparaît comme elle était apparue, laissant Sentarô interpréter à sa façon la leçon qu'elle lui a fait partager."




Mon avis :

Restons un peu au Japon... Je ne l'ai pas fait exprès : à peine avais-je terminé Le coeur régulier, qu'un mail m'avertissait que Les délices de Tokyo m'attendait à la médiathèque... Alors voilà pour la petite histoire !
Est-ce que cela m'a fait voyager ? Oui et non. Comme l'auteur est japonais, on se doute qu'il sait de quoi il traite, notamment au niveau culinaire ! Mais les descriptions  des paysages restent assez rares et se focalisent sur des points précis, comme les arbres, sans aller plus loin.

Globalement, j'ai aimé ce livre mais pourtant il m'a manqué quelque chose. J'ai longtemps cherché, pendant ma lecture, ce qui me gênait. Je dirais que ça se situe au niveau du rythme. A certains moments, l'histoire ne prend pas assez son temps tandis qu'à d'autres, elle s'étend un peu trop en longueur.
En résumé, le rythme un peu déséquilibré à mon goût m'a gênée. "Un peu", car pour le reste, c'était correct.

Au niveau des personnages, le protagoniste principal, Sentarô, avait tendance à m'agacer au début, et puis je me suis habituée. Les trois personnages principaux ont tous leurs douleurs et leurs meurtrissures, qui se dévoilent dans le livre. Alors je suis devenue petit à petit plus clémente avec eux, allant jusqu'à compatir avec Sentarô, et surtout avec Tokue qui porte un lourd fardeau.
Je ne peux dévoiler quel est son "secret" sans en révéler trop. Toujours est-il que j'ai trouvé cela intéressant, car c'est un sujet qui n'est pas trop traité dans la littérature occidentale. Je m'arrête là : ceux qui veulent savoir sans lire Les délices de Tokyo me demanderont, les autres le liront :-)

Au final, c'est une jolie et triste histoire qui prend pour prétexte la cuisine (la pâtisserie,  plus exactement) et livre finalement une leçon de vie. Je m'attendais presque à y retrouver l'esprit de Chocolat, de Joanne Harris, que j'avais beaucoup aimé, mais il se trouve que c'est encore différent. Avec une plus forte charge émotionnelle, je pense que j'aurais été davantage marquée par cette lecture.

lundi 18 avril 2016

Le coeur régulier / Olivier Adam

Quatrième de couverture :

" << Vu de loin, on ne voit rien >>, disait souvent Nathan. Depuis la mort de ce frère tant aimé, Sarah se sent de plus en plus étrangère à sa vie, jusque-là "si parfaite". Le coeur en cavale, elle s'enfuit au Japon et se réfugie dans un petit village au pied des falaises. Nathan prétendait avoir trouvé la paix là-bas, auprès d'un certain Natsume. En revisitant les lieux d'élection de ce frère disparu, Sarah a l'espoir de se rapprocher, une dernière fois, de lui. Mais c'est sa propre histoire qu'elle va redécouvrir, à ses risques et périls.
Grâce à une écriture qui fait toute la place à la sensation, à l'impression, au paysage aussi bien intérieur qu'extérieur, Olivier Adam décrit les plus infimes mouvements du coeur et pose les grandes questions qui dérangent."






Mon avis :

Il faut bien le dire, c'est grâce à la bande-annonce de la récente adaptation du roman au cinéma que j'ai eu envie de lire ce livre. Je dois avouer que je n'y ai pas trouvé tout à fait ce que j'attendais (en tout cas au début), mais ça ne m'a pas déçue pour autant. La bande-annonce me laissait présager une leçon de vie pétrie de philosophie bouddhiste, mais le livre m'a laissée sur ma faim à ce niveau-là. En revanche, j'ai été assez bien servie pour ce qui est du voyage au Japon.

"Au loin les collines ferment l'espace, le mont Koya domine l'horizon, sur ses flancs se succèdent les arbres jaune et rouge, puis ce sont de sombres conifères, de là-haut on doit plonger dans le ciel, surplomber des kilomètres de massifs arborés et de vallées creusées de torrents, on dit le mont sacré et peuplé de renards, on dit son esprit paisible et protecteur, on dit qu'en le gravissant jamais le coeur ne s'emballe, on dit qu'une paix immense vous emplit l'âme et les poumons, comme si l'azur coulait dans vos veines."

L'écriture peut surprendre (je n'avais jamais lu Olivier Adam ; je pense que je retenterai un autre titre, pour voir si mes impressions se confirment) : le rythme est brut, comme si on cherchait son souffle en même temps que le personnage qui ne sait plus où elle en est. Mais cela colle bien à son état d'esprit perdu, désabusé, et triste simplement car elle a pu ouvrir trop tard les yeux sur la réalité.

Le coeur régulier, c'est un récit initiatique qui arrive à l'âge adulte, c'est l'histoire d'un deuil et d'une renaissance. Et c'est aussi la reconstitution de la figure du frère disparu. Au fil des pages, on finit par se rendre compte que tout n'est pas tout blanc ou tout noir, que chaque personne est à plaindre et à la fois à blâmer.
En bref, une lecture humaine, juste, que j'ai eu plaisir à vivre mais à laquelle il manque un petit quelque chose à mon goût.

vendredi 15 avril 2016

Les Brumes de l'apparence / Frédérique Deghelt

Quatrième de couverture :

"Quand un notaire de province lui annonce qu'elle hérite d'une masure au milieu de nulle part, Gabrielle (parisienne, quarante ans) s'élance sur les routes de France pour rejoindre l'inattendue propriété et organiser rapidement sa mise en vente.
Un enchevêtrement d'arbres et de ronces à l'abandon, une maison à moitié en ruine, dix hectares traversés par le bruissement d'une rivière, tel est le territoire qu'elle découvre, insensible à la beauté étrange, voire menaçante, du lieu où elle se trouve contrainte de passer la nuit. Elle s'endort sans peur, mais son sommeil est peuplé de rêves, d'odeurs, de présences. Dans les jours qui suivent, les circonstances vont l'obliger à admettre que certains lieux, certaines personnes peuvent entretenir avec l'au-delà une relation particulière. Et qu'elle en fait partie.
Dans ce roman profond et inquiétant, Frédérique Deghelt interroge notre désir d'une autre vie, explore les énigmes de notre perception, dévoile ce qui en nous soudain libère le passage entre la rationalité et l'autre rive."



Mon avis :

Si j'ai choisi ce roman en librairie en vacances, c'est, comme souvent, parce que la lecture de la quatrième de couverture m'a interpellée. Et on peut dire qu'elle tient ses promesses. 
Je savais également que j'apprécierai le style, ayant déjà lu La Vie d'une autre, de la même auteure. À l'époque, j'avais aimé ce côté perdu de l'héroïne, transposé dans l'écriture de manière à emporter le lecteur, et qui pouvait nous faire nous sentir perdus nous aussi.

Ici, il s'agit donc du même style d'écriture, de la même lente prise de conscience et de recul de l'héroïne sur sa vie. Mais l'histoire est bien plus mystique. En effet, il y est question de thèmes qui m'attirent, personnellement : la vie après la mort, la communication avec l'au-delà. Le temps d'une lecture, on ne se pose plus de questions, on accepte, et c'est plutôt beau. Les descriptions de ces moments de communication sont apaisants. L'héroïne nous entraîne avec elle, pour le meilleur et aussi pour le pire, car tout n'est pas angélique, bien sûr !
Chaque chapitre s'ouvre sur une citation, de provenance diverse, mais j'aime cette pratique : certaines citations sont inspirantes !

Un bémol : certains passages tombent presque dans le cliché (les réactions des villageois, par exemple). J'ai retrouvé aussi la vie parisienne, basée sur les apparences, décrite du point de vue d'une héroïne privilégiée (peut-être même un peu plus que dans La Vie d'une autre) : concernant cela, je suis partagée. Le trait est-il exagéré ? A la fois, cela paraît assez réaliste, c'est donc un tableau assez triste de la société dans laquelle nous vivons qui est dépeint...

Même s'il y a des moments moins captivants, globalement l'émotion l'emporte et ça reste pour moi une belle lecture rafraîchissante ; un livre qui se rappelle à mon souvenir lorsque je sens une odeur de fleurs alors qu'il n'y en a pas autour de moi !